Aléa de grossesse
Le temps commence à être long !
J'ai bien du mal à croire ceux qui disent que la grossesse fut l'une des meilleures périodes de leur vie ou alors ils ont, au choix, eu énormément de chance, la mémoire courte, ou sont plus ou moins adeptes de certaines pratiques consistant à éprouver un quelconque plaisir dans notre propre souffrance (au demeurant fort sympathique mais ce n'est pas le propos) !
J'ai lu ou vu quelque part que pendant et tout de suite après l'accouchement, le corps secréterait naturellement de la béta-endorphine, hormone contribuant à soulager la douleur et au sentiment d'être « sur une autre planète » que bon nombre de femmes relatent post-partum.
On oublierait alors presque instantanément les souffrances ressenties au profit du bonheur éprouvé en compensation.
Que la nature est bien faite, n'est-ce pas ?
L'homme lui-même n'aurait pas fait mieux si l'on n'avait pas été pourvu de cette faculté de façon innée (peut-être même dans l'unique but de ne pas stopper net toute envie de procréer à nouveau) !
Bref, tout ça pour finalement en arriver au fait qu'être enceinte (je ne vais pas vous surprendre) n'a pas été pour moi une réelle partie de plaisir, et plus les jours passent, plus cela se confirme.
Je ne vous apprendrai sans doute rien non plus en vous affirmant qu'il y un tas « d'effets secondaires non désirés » .
Mais je vous vois venir, vous allez très certainement me dire « Oui, il y a des désagréments, mais tellement de bonheur en contrepartie qu'ils n'ont alors plus d'importance ! »
A cela je vous répondrai « Oui ... mais ! »
Mais assez de ne parler que de cette « libération » qu'est la naissance !
On ne parle que de ça, on nous rassure, on nous conseille en plaçant cet argument au premier plan pour au final finir par presque laisser sous-entendre que « grossesse » rime avec « allégresse » !
Et, en tant que porte parole non attitrée des femmes auxquelles cette période de 9 mois laissera un petit goût acide (ni sucré ni amer en somme) dans la bouche, et comme, n'ayant toujours pas accouché, je ne peux pas encore utiliser moi-même cette excuse en béton (car je compte bien l'employer à mon tour quand mon heure sera venue, que voulez-vous, je ne suis malheureusement pas différente des autres ^^), je me dois de rétablir la vérité !
A l'heure d'aujourd'hui, mon quotidien n'est pas encore rythmé par les pleurs et (je touche du bois) les sourires de ma fille, mais bel et bien par les envies fréquentes (que dis-je, continuelles) d'uriner, par les mouvements (si doux et émouvants au début) de l'épouvantable être sadique qui a poussé dans mon ventre et qui confond malheureusement la sortie qu'est mon vagin avec celle beaucoup moins commune qu'est mon nombril et a transformé mon estomac en véritable punching-ball !
Par les douleurs incessantes, au choix, dans le dos, dans le ventre ou encore dans les pieds et dans les jambes (plus surprenant n'est-ce pas ?), parce qu'en à peine deux semaines, mes jolis petits petons se sont littéralement transformés en deux masses informes ressemblant vaguement à des bateaux gonflables (ravissant n'est-ce pas ?) !
Par les difficultés à effectuer les gestes et tâches basiques du quotidien : ça peut aller de la simple montée de marches (qui s'avère être un calvaire au bout d'à peine un étage), au fait de se lever de son lit le matin (qui ressemble bien plus au combat voué à l'échec mené par la pauvre baleine qui tente de regagner la mer une fois échouée sur la plage), ou à la galère pour s'épiler là où vous imaginez (parce que oui, je suis enceinte, mais non, je ne suis pas en jachère) !
Bref, tous ces petits riens qui, mis bout à bout, forment un tout insupportable !
Alors non, la grossesse, ce n'est pas le pied et l'accouchement le sera encore moins !
Sentir la vie en soi, je vous le concède, c'est merveilleux, mais si la vie pouvait être moins mouvementée, je dois avouer que ce serait encore mieux !
